…sinon panpan tutu. »

    Souvenons-nous des paroles de la chanson (écrite par Jacques Lanzmann et chantée par Jacques Dutronc).
Mais, à l’inverse de l’injonction de cette chanson « je ne le dirai pas deux fois« , le livre dont je vais parler répète des milliers de fois ce qu’il faut et ne faut pas faire. Il ne fait même que cela: nous intimer l’ordre de ne pas faire ci ou ça. Ad nauseam. Et sans jamais dire pourquoi.
    Quel est donc ce livre qui m’accuse de tout et de n’importe quoi, qui ne cesse de vouloir me punir et me soumettre, qui me menace des pires châtiments si je ne crois pas suffisamment bien et si je ne m’incline pas suffisamment bas?
Sommes-nous vraiment des infidèles, des mécréants, des corrupteurs, des méchants, des pervers, et j’en passe?
Pourquoi ce livre me prend-il pour un demeuré en me répétant mille fois que, si je ne crois pas, j’irai en enfer, et que, même si je crois, mais pas exactement comme l’ordonne ce livre, je serai zigouillé?
Pourquoi ne me réchauffe-t-il pas le cœur, à sa simple lecture?
Pourquoi est-il si triste, si ennuyeux, si rébarbatif?
Pourquoi ne m’offre-t-il d’autre choix que de me prosterner ou de m’écraser?
Pourquoi est-il si intolérant, si autoritaire, si peu agréable?
Pourquoi me dicte-t-il ce que je devrais faire en même temps qu’il prétend que je suis libre?
Pourquoi ne cesse-t-il de vouloir me punir si je n’obéis pas à la lettre à ses ordres multiples, mais fort peu variés?
Pourquoi a-t-il la prétention de parler au nom d’un dieu unique … qui serait, comme les autres dieux uniques, le meilleur et donc … le seul? Pourquoi fait-il de son dieu un être aussi redoutable?
Pourquoi se prend-il pour le dieu en personne? Pourquoi prétend-il que celui de mon enfance est un mauvais dieu? Qu’en sait-il?
Pourquoi m’annonce-t-il toutes ces punitions au cas où je m’éloignerais d’un chemin tracé par son prophète?
Croire n’est-ce pas comme aimer? Et l’amour peut-il se commander? Cela est ou cela n’est pas. Pourquoi me forcer à croire? Pourquoi me forcer à aimer?
Pourquoi confondre un livre supposé être de prière et d’intercession avec un code pénal?
Baudelaire m’accompagne dans ma lecture vespérale, puis dans mon sommeil. Pourquoi devrais-je le remplacer par des lois et par des règlements déprimants et dépassés? Devrais-je faire de ce Journal Officiel Punisseur mon livre de chevet?
Ce dieu pourrait-il trouver une façon moins déplaisante pour me faire connaître ses avis et ses suggestions? N’a-t-il d’autre moyen de transmission que la menace et la condamnation?
Et s’il existe, comment penser un seul instant qu’il s’agirait d’un père fouettard? Comment imaginer qu’il pourrait ne pas être pure bonté et parfaite tolérance?
Qui peut dire à ma place ce que ce dieu pourrait être et proposer, à moins que ce soit lui-même, sans transcription, sans traduction, sans interprétation?

Et puis, pourquoi ce livre me dit-il ce que je dois faire avec les femmes au lieu de s’adresser à elles directement? Sont-elles si débiles que cela? Ne savent-elles pas lire toutes seules? Ont-elles besoin de moi pour leur transmettre les ordres et les oukases du dieu des hommes?
D’ailleurs, pourquoi ce dieu ne serait-il pas féminin?
A moins que, en vertu de la théorie du non-genre, ce dieu puisse être un et une à la fois!

Franchement, je préfère écouter la chanson drôle et gentille de Dutronc plutôt que lire ce livre triste et méchant.

Caliban

« Fais pas ci, fais pas ça …

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